L'art au service de l'attractivité des centres-villes

L'art au service de l'attractivité des centres-villes
A l'heure où les centres-villes sont de plus en plus délaissés au profit de la périphérie devenue si attractive grâce aux zones commerciales, susciter l'intérêt et faire revenir les gens au cœur des villes françaises consitue un véritable enjeu, à la fois économique, social et culturel ; un centre-ville déserté est en effet un pan de la culture d'une ville qui tend à s'éteindre. Quelques exemples de villes ayant réussi à rendre leurs centres-villes attractifs grâce à l'art et la culture. Aujourd'hui, le consommateur a envie de voir ce qu'il achète. L'acte d'achat n'est en effet plus uniquement synonyme de consommation aveugle mais est de plus en plus attaché à une notion de sens et de qualité. Cela vaut pour les achats du quotidien, mais aussi pour les achats plaisir, à l'image des objets d'art ou d'artisanat d'art. Un paramètre que les agglomérations françaises peuvent avoir intérêt à prendre en considération pour retrouver une attractivité et un dynamisme dans le cœur de ville.

Imaginer, créer, aménager des lieux

Imaginer, créer, aménager des lieux

Et pour cela, regrouper des artistes et artisans d'art dans un lieu unique constitue une idée pleine de potentiel. A Caen, l'atelier des créateurs, une pépinière d'entreprises d'art a ainsi été créée dans cette otpique en 2016, regroupant sur le même site des artisans et artistes travaillant et proposant leurs créations directement sur place. L'opération aura toutefois été éphémère et l'atelier boutique n'aura pas réussi à perdurer dans le paysage du centre-ville caennais. A Toulon, l'art a lui aussi été un fil conducteur pour redynamiser le centre-ville et recréer un attrait pour les toulonnais et les touristes. Rebaptisée Rue des arts et inaugurée au printemps 2017, la rue Semard a en effet fait l'objet d'un vaste projet de réaménagement dans le but de revaloriser le centre ancien de la ville. Résulat : un joyeux et hétéroclite mélange constitué de galeries d'art, de professionnels du design, de la déco ou de la mode ainsi que des endroits où prendre un verre et manger. Le tout dans une volonté de la ville de redorer la réputation de ce quartier historique toulonnais et faire (re)venir les touristes et les habitants.

Concilier patrimoine culturel et art

Concilier patrimoine culturel et art

Si créer ou réaménager des espaces et des lieux dédiés à l'art en centre-ville peut être une idée pertinente et efficace pour susciter l'attrait des habitants et des touristes, il peut également se révéler intéressant de tirer profit du patrimoine culturel et/ou historique existant d'une ville. C'est justement le parti qu'a choisi de prendre la capitale de l'image, Epinal, en créant il y a onze ans un événement culturel intitulé Le Chemin des images. L'idée ? Associer quelques œuvres du Musée de l'image à celles d'un artiste contemporain choisi pour l'occasion, et les disséminer au cœur de la ville sous la forme d'une balade-exposition. Une façon de découvrir ou redécouvrir une ville sous un autre regard, celui d'artistes, mais aussi le regard nouveau que l'on porte à une place, une rue ou un monument lorsqu'ils sont mis en lumière dans un contexte comme celui-ci. L'intérêt de ce type d'événement culturel repose sur la qualité artistique proposée mais aussi sur la pérennisation de la manifestation, laquelle contribue pleinement au rayonnement de la ville, en France et à l'étranger. A tel point que les touristes français et d'ailleurs peuvent être amenés à se déplacer spécialement pour découvrir la ville, Epinal en l'occurence, à l'occasion de son Chemin de l'image, qui se tient chaque année du printemps à l'automne. Ajouté à cela le fait que les locaux y trouvent aussi leur compte en se réappropriant « leur » centre-ville.

Le phénomène des parapluies colorés suspendus

Le phénomène des parapluies colorés suspendus

En 2012, une artiste portugaise (Patricia Cunha) créait l'Umbrella sky project, un projet artistique consistant à suspendre dans les rues des villes de son pays une multitude de parapluies colorés afin de créer un ciel poétique au-dessus de la tête des passants. La magie de ces parapluies flottants a rapidement suscité l'enthousiasme et dépassé les frontières portugaises pour prendre place dans les rues européennes, et notamment françaises ces derniers temps. De nombreuses agglomérations ont vu dans ce type d'installation artistique un moyen de redynamiser et donner envie d'investir les centres-villes. On a ainsi récemment vu fleurir ces parapluies pleins de poésie dans les rues de Laon, de Mâcon, de Lens ou encore de Cambrai, Brive et Fresnay-sur-Sarthe, avec un engouement de la part des habitants et des touristes, au point de générer pour certains commerces un véritable pic de leur chiffre d'affaire. Si la mise en place de ces projets artistiques représentent bien entendu un coût à prendre en considération (15 000 € pour l'installation de 850 parapluies à Laon), l'effort semble néanmoins porter ses fruits au regard de l'impact plus que positif sur l'économie locale. Autre exemple soulignant le potentiel de projets artistiques originaux et d'envergure pour compenser le désintérêt à l'égard des centres-villes, Nantes et son désormais célèbre Voyage à Nantes. Depuis 2012, la cité des ducs de Bretagne prend une dimension artistique sans commune mesure pendant la période estivale. Nantais et touristes sont en effet invités à suivre la Ligne verte, laquelle les conduit à découvrir la ville au rythme d'une quarantaine d’œuvres d'art, certaines éphémères et d'autres pérennes. Cet événement, associé à l'incontournable Elephant de l'Ile de Nantes ainsi que les autres créations aussi surprenantes que féeriques des Machines de l'île, font aujourd'hui partie intégrante de l'identité culturelle de la ville, et ont sans conteste contribué à (re)développer l'intérêt pour le centre-ville. Les solutions existent donc bel et bien pour recréer une attractivité et faire revivre les cœurs de nos villes françaises. Encore faut-il s'en donner les moyens et faire preuve d'un tant soit peu d'imagination et de créativité. Mais le succès à la clé, déjà constaté dans de nombreuses villes, mérite d'y consacrer un minimum de temps et de finances. La preuve que les centres-villes ne sont pas morts, pour peu de trouver la bonne idée.

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