Relocalisation : les villes françaises à l'oeuvre !

Relocalisation : les villes françaises à l'oeuvre !
Ne dit-on pas qu'il y a un temps pour tout ? Après une tendance massive à la délocalisation ces dernières décennies, le temps de relocaliser en France semble revenu. Qu'en est-il exactement et quelles sont les actions menées dans les villes françaises ? Septembre 2020. Le gouvernement décide de lancer un programme destiné à relancer l'économie nationale, fortement impactée par la crise sanitaire. « France relance », le nom de ce programme, dont « France 2030 » est le digne successeur, vise à soutenir les projets de relocalisation industrielle en France. Avec l'espoir de ne pas revivre les déficits de production connus au cours de ces derniers mois et d'offrir un souffle nouveau et durable à l'économie française.

Les limites du «toujours plus et moins cher »

Deux ans plus tard, les résultats sont à la hauteur des espérances gouvernementales, puisque ce sont pas moins de 155 entreprises qui ont fait le choix de relocaliser leur production. De là à observer un résultat tangible sur l'emploi, nous n'en sommes pas encore là. En revanche, les bénéfices de la relocalisation dans l'hexagone sont loin d'être anodins. Maîtrise des ressources, valorisation et pérennisation de savoir-faire oubliés, créations d'emplois, investissements, réduction des émissions de carbone ainsi que flexibilité et adaptation en période de crise constituent les principaux avantages de la relocalisation. Reste la question de savoir comment s'y prendre pour réussir à produire localement des produits de grande consommation sans que les coûts de production viennent se répercuter sur le prix d'achat ? La délocalisation a en effet eu des conséquences indéniables sur le portefeuille des français, et même si l'on fait aujourd'hui face aux limites de ce système économique, le doute concernant la réussite de ces paris est légitime.

 

En attendant, voici quelques exemples inspirants de ce bienvenu renouveau du Made in France. C'est en Isère, dans la commune de Roussillon, que devraient prochainement sortir les premières boîtes de paracétamol fabriquées en France. L'entreprise Seqens y a en effet fait construire une usine, là où a fermé ses portes en 2008 la dernière entreprise française produisant du paracétamol en France.

 

Dans le même département, l'entreprise Aledia a choisi d'établir ses usines de diodes électro-luminescentes à nanofils ou à microLEDS dans la métropole de Grenoble.

Un tour de France de la relocalisation

Dans l'ouest du pays, Le Mans sera désormais associée à la production de scooters électriques proposés par la société Red Electric, qui sous-traitait jusque-là sa production en Chine. La société Chastagner prévoit ainsi de fabriquer 10 000 bolides à deux roues dans la capitale sarthoise. Une partie de la production sera par ailleurs mise à disposition des manceaux et des mancelles, lesquels pourront louer les scooters en libre-service.

 

Direction le nord de la France, à Neuville-en Ferrain, où le groupe Mulliez a débuté une production de jeans il y a quelques mois déjà. Si les prévisions peuvent paraître ambitieuses dans un secteur hautement concurrentiel (130 000 jeans et 50 salariés au départ, puis 400 000 articles dès 2024), les objectifs restent toutefois atteignables avec un prix d'achat par article à 59,99€. Cela d'autant plus qu'au-delà de miser sur le triptyque « éco-social-local », le groupe Mulliez se lance également dans une aventure marketing en lançant l'étiquette « Made in Nooord ». À voir si les consommateurs ch'tis seront au rendez-vous !

 

Au pays de la gastronomie où le « repas gastronomique des Français » est classé depuis 2010 au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO, il semble de mauvais goût de délocaliser la production d'un mets aussi emblématique que le foie gras. C'est pourtant le choix que font de nombreux producteurs français s'approvisionnant en partie en Europe de l'Est. C'était d'ailleurs le cas de l'entreprise alsacienne Feyel & Artzner, jusqu'à ce qu'elle prenne les choses en mains en 2020 et décide de relancer l'élevage et la vente d'oies dans le but de fournir ses sites alsaciens et gersois.

 

Gastronomie toujours avec le choix du groupe Benedicta de modifier le site industriel de Seclin, dans le nord, pour sa production. La prochaine machine à café de la marque Malongo verra quant à elle le jour en Vendée, sur la côte Atlantique. Et c'est à quelques dizaines de kilomètres au nord, en périphérie de Nantes, que la marque historique de stylos Waterman va relocaliser une partie de sa production. 

Une tendance à confirmer

L'entreprise Stil, spécialisée dans la production d'instruments de mesure en verre, a sauté le pas juste après la crise sanitaire en prenant la décision de relocaliser sa production en Seine-et-Marne. C'est dans le département de l'Aube, à Romilly-sur-Seine, que le fabriquant d'articles de sports au nom symbolique, a posé ses valises pour étendre sa production de vêtements et articles de sport. Et alors que la marque a été sélectionnée pour équiper les sportifs français aux Jeux Olympiques 2022 et 2024, le projet prend là encore tout son sens.

 

Enfin, si elle n'a pas attendu les recommandations gouvernementales pour développer son activité dans l'hexagone, l'entreprise Atol Les Opticiens a lancé fin 2022 une gamme de lunettes, Oneo, dont la fabrication française est garantie par l'exigeant label Origine France Garantie. Un projet rendu possible grâce aux partenariats avec les lunetiers français Bondet, Lucal et Jecor.

 

Autant d'exemples soulignant qu'il est possible de relocaliser en France afin de redynamiser l'économie, mais également lui conférer une valeur ajoutée incontestable. Les consommateurs français sauront-ils saisir cette opportunité de contribuer à une économie plus « verte » et plus responsable ? La réponse dans les mois et années à venir.

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