Les villes françaises et le covoiturage

Les villes françaises et le covoiturage
Certains en ont fait leur mode de transport privilégié, que ce soit pour aller au travail ou pour partir en week-end et en vacances. D'autres le réservent à un usage professionnel et covoiturent ainsi chaque jour avec leurs collègues pour se rendre de leur domicile à leur bureau. D'autres encore le pratiquent ponctuellement, en fonction du moment, de l'endroit et des besoins. Une chose est sûre, le covoiturage a le vent en poupe et de beaux jours devant lui. Contribuer à prendre soin de notre chère et si fragile planète en mettant en place de nouvelles habitudes de déplacement : c'est la raison originelle de la naissance du covoiturage, ce mode de transport partagé qui fait de plus en plus d'adeptes à l'heure actuelle. Parce que l'autre raison, qui est quant à elle à l'origine d'un regain d'intérêt et d'un engouement décuplé du covoit', c'est l'avantage financier – non négligeable à l'heure actuelle – que les usagers en retirent. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le succès du covoiturage dans une ville n'est pas corrélé avec la taille de ladite ville, mais est souvent relatif aux mesures politiques mises en œuvre. Certaines collectivités locales consacrent en effet une part de leur budget au développement de cette pratique de déplacement. Création et mise à disposition d'aires de covoiturage, communication à destination du grand public et incitations financières font partie du package pour que s'installe durablement le covoiturage dans les habitudes des français.

La Normandie à l'honneur...

La Normandie à l'honneur...

C'est ainsi que Rouen, en Seine-Maritime, se distingue et prend la tête d'un classement des villes françaises championnes du covoiturage établi par la start-up Klaxit (hors Paris et tous opérateurs confondus), selon les données de l'Observatoire national du covoiturage au quotidien. On y découvre qu'en février 2022, 11 766 trajets ont été recensés dans la métropole normande. En mars, sur fond d'augmentation des prix du carburant, ce nombre atteint environ 21 000 trajets. Rouen qui devient ainsi championne du covoiturage pour les trajets travail-domicile. Des trajets depuis et vers les communes de l'agglomération rouennaise notamment, à l'image de Saint-Etienne-de-Rouvray, où avait été expérimenté en 2021 un dispositif consistant à rémunérer les conducteurs en partenariat avec l'application Klaxit. Quant aux passagers, le trajet était gratuit pour eux.

Car là où les transports en commun ne vont pas ou peu parce que les communes sont trop éloignées de la métropole, les covoitureurs vont ! Et c'est bien là l'un des autres intérêts de cette pratique qui a vraiment tout pour séduire.

Forte de son succès, Rouen ne compte pas en rester là et vient d'ouvrir début avril, en partenariat avec la société Ecov et l'agglomération Seine-Eure, une nouvelle ligne de covoiturage afin de relier Rouen à Val-de-Reuil. Là aussi, les conducteurs sont rémunérés à hauteur de 1€ par trajet et 2€ par passager. Pour lancer officiellement l'ouverture de cette nouvelle ligne et inciter les usagers à l'essayer, les 1 000 premiers trajets étaient gratuits pour les passagers.

Un autre point à développer pour faciliter la pratique des covoitureurs est le développement des aires de covoiturage. Un point sur lequel le maire de Rouen est là encore en train de travailler avec son équipe. Une 1ère place sur le podium du covoiturage décidément bien méritée. Angers, Montpellier et Nantes se placent juste derrière, occupant elles aussi un score plus qu'honorable en matière de déplacements partagés domicile-bureau.

Le covoit', une histoire de politique ?

D'autres villes et régions françaises se distinguent aussi, mais de façon moins avantageuse. Ni Orléans, ni Chartres ni Bourges – pour la région Centre Val de Loire – n'atteignent en effet le cap des 500 trajets mensuels en covoiturage. Quant à la région Bourgogne-Franche-Comté, elle n'est guère mieux lotie puisque là encore aucune ville ne dépasse 500 trajets mensuels.

À l'inverse, une ville moyenne comme Beauvais, qui compte moins de 60 000 habitants, se positionne avant les grandes métropoles françaises que sont Lyon et Marseille (respectivement environ 500 000 et 900 000 habitants) dans le classement réalisé par Klaxit. Preuve s'il en fallait une que le succès du covoiturage ne se mesure pas à la taille d'une ville, mais bien aux dispositifs et mesures mis en place par les municipalités et les collectivités.

Comme à Rouen, les covoitureurs beauvaisiens·nes bénéficient d'incitations financières pour les encourager à partager leurs véhicules et leurs trajets. La CAB (Communauté d’Agglomération du Beauvaisis, et donc rien à voir avec les célèbres taxis londoniens ! ) a fait le choix de contribuer financièrement pour encourager la pratique du covoiturage sur l'ensemble de son territoire, à savoir 53 communes. Là aussi, l'opération est réalisée en collaboration avec l'application Klaxit. Et ça fonctionne, puisque le nombre de trajets partagés effectués depuis la mise en place de ce dispositif a explosé. Ce n'est pas tout, le système de récompense ne s'arrête pas là : des pleins d'essence de 50 € sont également à gagner chaque jour, et une carte cadeau d'une valeur de 20 € est offerte à chaque conducteur lors de son premier voyage. Rien d'étonnant donc à ce que la capitale de l'Oise se place dans le Top 10 avec plus de 4 000 trajets domicile-bureau observés en février 2022.

Outre les villes et les collectivités, les opérateurs jouent aussi un rôle dans cet essor. Leader du covoiturage sur les courtes distances, Klaxit a su trouver sa place en se faisant connaître grâce à des campagnes séduction auprès des utilisateurs et des institutions. Une équation gagnante pour l'opérateur, qui est toutefois loin d'être le seul sur le marché. Blablacar Daily, Karos, Oxycar, Mobicoop, Rezo Pouce Pro... autant d'applications et de sites internet dédiés au transport partagé. Et autant de possibilités pour les usagers de rouler plus vert et moins cher. 

Le covoitturage en chiffres, ça donne...

- des trajets de moins de 80 km en majorité
- en février 2022 : 183 000 véhicules partagés, soit près de 6 millions de kilomètres parcourus, 376 000
litres d’essence économisés et 1 152 tonnes de CO₂ qui ne pollueront pas l’atmosphère.

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