Courez, ramassez, ploggez !

Courez, ramassez, ploggez !
Oui vous avez raison, encore un nouveau néologisme. Mais à la différence que celui-là est, d'une part, la contraction d'un mot suédois (« plocka upp », qui signifie « ramasser ») et de « jogging ». Et d'autre part, plus qu'un mot, c'est une attitude éco-responsable. Ramasser les déchets rencontrés au cours de son footing, c'est plutôt une saine attitude, non ? Et si nous partions voir comment se manifeste cette nouvelle activité écolo-sportive un peu partout en France ?

« Un corps sain dans un environnement sain »

« Un corps sain dans un environnement sain »

Nul besoin de courir pour trouver des détritus divers et variés sur son chemin direz-vous. Il n'empêche que cet élan prend ses racines chez les joggeurs. Les joggeurs suédois pour être exact. Depuis 2016, la pratique prend de l'ampleur partout dans le monde et les initiatives, collectives ou individuelles, associatives ou municipales, se multiplient. Pour le plus grand bonheur de notre si chère planète. Centres-villes, campagnes, plages, forêts : tout y passe et rien ne résiste aux ploggers.

En Alsace, la commune d'Obernai est particulièrement investie et désireuse de montrer l'exemple. Il faut préciser que le conseil municipal comprend parmi ses membres une marathonienne, Marie-Christine Schatz. Ce qui, il est vrai, est utile pour créer l'élan et le rendre contagieux. La sauce « plogging » a tellement pris dans cette commune de l'est de la France que l'activité est quasiment devenue officielle depuis l’été 2021, marquant la volonté politique d'améliorer « sportivement » la qualité du cadre de vie des obernois. Ce sont d'abord les élus qui se sont collés au ramassage des déchets en courant, rapidement suivis par des ploggers volontaires. Quelques chiffres ? Les quatre premières sessions de plogging ont réuni 80 participants et permis de collecter 107 kilos de déchets.

À l'ouest, la capitale bretonne, Rennes, a également décidé de s'impliquer pour la préservation de la planète  en sollicitant les coureurs. Le Marathon Vert organise lui aussi des sessions plogging. La dernière session en date a ainsi été organisée un mois avant la 10ème édition du Marathon Vert Konica Minolta, un événement sportif majeur qui se distingue par son action et son message. Pas de ramassage de déchets mais la plantation d'arbres sur les communes parcourues par les joggeurs, à savoir un arbre planté par kilomètre parcouru. Une autre initiative sportive et verte à encourager. Mené en partenariat avec la Fondation Yves Rocher, ce projet se traduit concrètement par quelques chiffres éloquents : 117 278 arbres plantés en France, en Inde et au Portugal.

Semer les graines d'un monde plus vert et responsable

Semer les graines d'un monde plus vert et responsable

Le mouvement a rencontré un tel succès que les « brigades anti-déchets » se sont développées un peu partout, dans l'hexagone et hors des frontières. Un nantais, Nicolas Lemonnier, a ainsi créé un groupe, la Run Eco Team, avec la volonté de structurer les initiatives et augmenter leur impact. Des parcours sont à ce titre choisis en raison de leur pollution particulièrement marquée. Et au-delà de l'aspect écologique, ces courses sont autant d'occasions de faire se rencontrer les joggeurs autour de valeurs fédératrices. L'application Run Eco team a depuis vu le jour, permettant à chaque plogger d'indiquer le parcours effectué, la quantité de déchets collectée, d'ajouter des photos ou encore de participer à des événements près de chez eux. Ils sont aujourd'hui plus de 30 000 coureurs-ramasseurs à nettoyer les détritus sur leur passage en France. Le mouvement s'est développé dans le monde et Nicolas a même eu le privilège d'être invité à San Francisco par Mark Zuckerberg, le patron de Facebook. Une belle occasion de mettre en lumière le plogging et les ploggers.

Dans le sud, à Montpellier, un plogger a couru en boucles pendant dix heures autour du centre-ville de la capitale héraultaise en parcourant pas moins de 60 kilomètres ! Un défi sportif et écolo pour ce jeune joggeur qui a ainsi battu le record mondial précédent... dont il était le détenteur (55,9 km et 39 kg de déchets). Clément Chapel sensibilise à sa façon à l'importance vitale de limiter les déchets dans la nature. C'est d'ailleurs lors d'un voyage en Australie que le jeune homme a été saisi par ce fléau planétaire. C'est à son retour qu'il a décidé de passer à l'action et de contribuer à nettoyer les lieux pollués où il court. Et de semer autant de petites graines dans les esprits des personnes qu'il croise et qui l'observent courir, mi amusés, mi interloqués et, espérons-le, 100% convaincus !

Le point déchets en France

Selon le CNIID (Centre National d'Information Indépendante sur les Déchets), un français produit chaque année environ 350 kg de déchets. Il s'agit donc là de la partie domestique de la production de déchets en France. Lorsque l'on ajoute la production de détritus professionnels tous secteurs confondus, ce chiffre atteint des sommets. 13,8 millions de déchets sont ainsi véritablement produits chaque année par habitant dans l'hexagone lorsque l'on tient compte de l'industrie, du BTP, de l'agriculture et de tous les autres secteurs économiques générant des déchets.

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