Quelles mesures pour éviter le surtourisme ?

Quelles mesures pour éviter le surtourisme ?
Le tourisme compte parmi les secteurs économiques les plus dynamiques en France, générant des milliers d'emplois. Mais à l'heure où l'on parle de surtourisme, la question se fait de plus en plus pressante : comment conserver une économie florissante grâce au tourisme ET préserver des lieux et sites naturels classés hautement sollicités ? Cette question est en tête de liste des points à traiter urgemment par les élus des communes françaises, alors que la saison touristique 2023 est sur le point de réellement débuter. Embouteillages, pollution, déchets mais aussi érosion des sites naturels ou encore gêne des locaux : autant de raisons à l'origine des réflexions visant à trouver des solutions durables à ce surtourisme. Entendez : trouver des solutions pour que les destinations victimes de leur succès ne subissent pas l'impact de ce tourisme intensif. Et qu'elles puissent conserver leur splendeur à long terme.

Réservations obligatoires

En Normandie, Étretat est connue pour ses splendides et vertigineuses falaises surplombant la mer. Mais dès les beaux jours, les touristes y affluent en masse. Résultat : une surfréquentation qui n'est pas sans poser de problème puisque l'on recense pas moins de 7 000 visiteurs quotidiens  venant admirer ces incroyables falaises chaque été. Soit 14 000 pieds qui foulent le sol chaque jour pendant la saison estivale. Imaginez les conséquences pour ce grand site naturel, qui s'érode à vitesse grand V du fait de ce surtourisme. Une situation que le guide touristique américain Fodor's Travel considère critique puisqu'il vient récemment de classer Étretat dans la liste des destinations « à reconsidérer pour 2023 ». 


C'est également le cas des non moins célèbres calanques de Marseille, elles aussi malheureusement victimes de leur beauté envoûtante. L'affluence croissante l'été de touristes dans ces lieux phares du sud-est de la France a conduit les autorités à mettre en place des mesures destinées à limiter le nombre de visiteurs... et leur impact sur ce site naturel fragilisé par cette sur-fréquentation humaine. Depuis 2022, Sugiton et les Pierres Tombées, deux des sites du Parc National des Calanques, ont instauré un système de réservation en ligne pendant la haute saison. L'accès à ces calanques est toujours gratuit mais limité, avec obligation de réserver son accès pour pouvoir en profiter sans risquer une amende une fois sur place. En parallèle, il est également prévu de réduire les campagnes publicitaires vantant les mille et un charmes des calanques, avec l'espoir de réduire l'afflux de touristes. 


Le sud toujours avec Porquerolles, la plus grande des trois îles d'Hyères, dans le Var. Cette île extrêmement fréquentée pouvait en effet accueillir jusqu'à 10 000 visiteurs sur une journée ! Ajoutez à cela les interminables embouteillages pour atteindre le parking de l'embarcadère de la Tour Fondue, et les quelques 2 000 bateaux immobilisés devant l'île pendant que leurs occupants profitent des eaux cristallines. N'en jetez plus, la coupe est pleine ! Une sur-fréquentation que le Parc National de Port-Cros a dénoncé dès 2020, avant de prendre des mesures restrictives. Chaque jour, ce sont donc désormais « seulement » 6 000 touristes que l'on autorise à débarquer à Porquerolles. Réservation obligatoire là aussi. 
 

Des quotas pour limiter le nombre de touristes

Les sommets n'échappent pas au constat. Le Mont Blanc, véritable institution touristique et point culminant des Alpes, s'est vu lui aussi contraint de réglementer son accès. Une mesure qui se traduit par un accès au sommet limité à 214 alpinistes chaque jour, correspondant au nombre de lits disponibles dans les trois refuges que compte l'itinéraire officiel, à savoir la « Voie normale » ou « Voie royale ». Pour être autorisé à passer, il convient donc désormais de montrer, non pas patte blanche, mais de pouvoir justifier d'une réservation au Nid d'Aigle, à la Tête Rousse ou au Goûter. Là encore, l'objectif de cette mesure est de maîtriser les conséquences d'une sur-fréquentation, avec ce que cela entraîne en termes de déchets et de risques en termes de sécurité. Ce qui n'empêche pas certains alpinistes chevronnés (... ou inconscients), de passer coûte que coûte, y compris lorsque les risques d'éboulement sont avérés. Mais c'est une autre histoire...

 

Celle que l'on appelle la Venise des Alpes n'a pas pour seul dénominateur commun sa beauté naturelle avec la « Venise officielle »1. Annecy est elle aussi, à l'image de sa voisine transalpine, victime de son succès. Ce qui conduit les élus à s'interroger pour tenter de préserver leur ville, autant que la quiétude des habitants. Et la mesure retenue et adoptée est... un quota visant à encadrer les locations touristiques. Une mesure prise à partir d'un constat : l'augmentation considérable du nombre de meublés en cinq ans dans la capitale de Haute-Savoie. La ville comptera pour cela trois zones, avec une attention particulière dans le centre-ville. À noter par ailleurs qu'au-delà de cette restriction du nombre de meublés saisonniers, les propriétaires seront eux aussi limités. Ils ne seront ainsi désormais autorisés qu'à une seule location touristique.

 

En 2021, Saint-Malo avait opté pour cette solution afin de mieux encadrer les hébergements touristiques. La municipalité faisait alors office de pionnière en la matière, soulignant ainsi l'ampleur du phénomène et ses conséquences délétères. Deux ans plus tard, les résultats sont néanmoins mitigés. La crise du logement demeure et trouver une maison ou un appartement où résider à l'année reste, toujours, le parcours du combattant. Sans compter que les propriétaires se font entendre. Ils déplorent ces quotas leur interdisant de louer leur logement à la nuitée, cela d'autant plus que les résultats attendus n'ont pas réellement été atteints.

 

 

Taxes, quotas, réservations préalables des sites hautement attractifs sont quelques-unes des solutions proposées par les municipalités pour faire face à ce tourisme de masse qui tend à devenir inquiétant dans certains endroits. Ces mesures suffiront-elles à endiguer le phénomène ?

 

Elle aussi concernée par la problématique du surtourisme, Venise a fait le choix de mettre en place une taxe à l'entrée de la ville. Objectif : réduire l'afflux touristique... et soulager la ville et ses habitants de cette surfréquentation.

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