De Nantes à Marseille...
Et le nouveau règlement en question ne fait pas dans la demi-mesure puisqu'il prévoit d'interdire la publicité sur 70% du territoire de la métropole nantaise. Dans les faits, les zones naturelles et en particulier les bords de cours d'eau sont désormais préservées de ces encarts géants. De même, les abords des écoles sont également concernés ; la publicité est interdite autour des établissements scolaires, cela des écoles maternelles jusqu'aux lycées. Quant aux lieux où la publicité reste autorisée, les panneaux lumineux doivent s'éteindre de minuit jusqu'à 6 heures du matin. À noter enfin que les publicités louant les mérites de voitures polluantes sont désormais bannies à Nantes.
Côté sud, Marseille se veut elle aussi déterminée à réduire les immenses encarts publicitaires du paysage de la cité phocéenne. Au programme : moins de publicités géantes en centre-ville, sur le Vieux-Port et la Corniche. Les affiches XXL sont donc directement visées par le nouveau règlement local de publicité, au même titre que les publicités numériques, qui font elles aussi l'objet de toute l'attention des élus en charge de l'urbanisme à la ville. Le mythique « mur Zidane », qui se voit désormais placardé d'affiches publicitaires géantes en tous genres - et qui n'a par conséquent plus grand chose à voir avec le non moins mythique footballeur marseillais - est lui aussi dans le viseur des élus. Un mur végétal ou un projet artistique pourrait ainsi prochainement venir remplacer les très nombreuses sollicitations à consommer.
… en passant par Grenoble et Lyon
Au-delà du centre et du littoral phocéens, les monuments historiques vont également bénéficier de ce nouveau règlement puisque les publicités n'auront plus le droit de citer à moins de 300 ou 500 mètres de ces sites protégés que sont la basilique Notre-Dame de la Garde, le Palais Lonchamp, la Cité radieuse ou encore le château Borély. Et ce n'est pas tout ! Marseille a décidé de réduire considérablement la publicité lumineuse, cela avec la double intention de réduire la pollution visuelle et de faire baisser la dépense énergétique.
En quittant Marseille et en remontant légèrement côté est, Grenoble a elle aussi des choses à dire et se démène pour diminuer le nombre de panneaux publicitaires en ville. Son maire, Eric Piolle, a d'ailleurs fait de ce combat l'un de ses chevaux de bataille depuis sa première élection à la tête de la municipalité en 2014. Résultats : de moins en moins d'espaces dédiés aux publicitaires en ville et dans la métropole. Et le moins que l'on puisse dire est que le maire écologiste n'y va pas de main morte puisque le contrat avec l'entreprise leader sur le secteur des panneaux publicitaires, JC Decaux, a été arrêté peu de temps après son élection à la tête de la ville. Plus de 300 encarts ont ainsi été retirés du paysage grenoblois, ce qui offre à ses habitants l'opportunité de redécouvrir leur ville sous un visage plus naturel en somme. Après les espaces publics, les espaces privés sont récemment passés sous le coup du règlement avec, pour les entreprises récalcitrantes, une amende de 1 500€ à la clé en cas de non respect de la « loi anti-pub ». Et alors que le contrôle de la réglementation manque parfois de rigueur dans certaines villes, Grenoble met un point d'honneur à appliquer ses engagements à la lettre pour réduire sa pollution visuelle. Une stratégie efficace si l'on en juge par les chiffres : 90% du territoire de Grenoble est aujourd'hui exempt de panneaux publicitaires, ce qui a valu à la ville de recevoir le titre de Capitale verte européenne 2022. Petit bémol toutefois : le maire et son équipe ne sont cependant pas encore parvenus à venir à bout des écrans numériques, contrairement à Marseille et Lyon.
Un nouveau visage de la France se dessine
La métropole de Lyon justement suit le même chemin et ont élaboré un nouveau règlement de publicité qui entrera en application fin 2022... pour une entrée en vigueur effective échelonnée entre 2024 et 2028. Entre les 59 communes concernées, les élus lyonnais, les « anti-pubs » et les professionnels dont cette activité est justement le cœur de métier, les discussions s'étirent mais un équilibre semble avoir été trouvé. Un nouveau règlement qui sonne donc la fin des publicités sur les toits des bâtiments lyonnais situés sur les quais du Rhône et celle des publicités numériques dans les rues, ainsi que l'extinction avancée des enseignes lumineuses à 23 heures.
Des initiatives courageuses au regard du manque à gagner généré par la disparition de ces publicités urbaines. Et ces initiatives qui dessinent un nouveau visage de la France : plus sobre, moins consumériste. Et si ce nouveau visage était le visage de demain ?